Convoyage Sete la Rochelle par Gibraltar sur FIRST 26

Salut David,
Un copain l'a fait l'année derniere(avec un first 30), et en a pas mal bavé.
Il comptait le faire en un mois, et en a mis 2 et demi, avec pas de soucis dont 2 A/R Portugal/France pour resoudre diverses avaries.
C'est facile jusqu'au cap St Vincent, aprés c'est trés dur même en été :tu es dans le mauvais sens!!!
vent dans le pif, brouillard, filets prés de la cote, traffic cargo au large, ports pas aménagés plaisance, pas balisés, etc...
D'aprés mon pote un radar est indispensable pour ce trajet.
A l'arrivée, il m'a confié qu'il aurait mieux fait de mettre son bateau sur un camion :-(
A+

En tant que convoyeur, je conseillerai la mer jusqu'à Port-la-Nouvelle, puis le canal du Midi ( très belle navigation dans les terres: il faut être au moins 2 à bord, pour les manoeuvres d'écluses; mais en mer aussi, il est plus sensè d'être au moins 2). Port-la Nouvelle à Castet en Dorthe: 5 jours 1/2 ; Castet en Dorthe-Bordeaux: 1 jour ; Bordeaux-Royan ou Port-Bloc ( escales possibles à Pauillac ou à Blaye ): 2 jours ( tenir compte du courant de marée de la Gironde, puissant: il est vain de tenter de tirer des bords contre ce courant, même en "motor-sailing"). après Royan, escale possible à Bonne-Anse: cela fait perdre un peu de temps, mais c'est beau. Ensuite,sortit des passes au jusant, puis déborder l'île d'Oléron par le Nord-Ouest (attention aux Bancs de roches autour de la pointe de Chassiron). Eviter le pertuis de Maumusson, route plus courte, mais sur laquelle on se fait de belles émotions ( même avec de l'expérience).

La route par le Portugal est , dans ce sens, à rebrousse-poil de l'"Alizé Portugais". Je l'ai fait en "motor-sailing" (près serré, avec le moteur tournant 24h sur 24, ça secoue). Escales: Lagos et Portimao, jusque là ça va, retour à Portimao pour débarquer un équipier blessé en larguant un ris, louvoyage jusqu'à Lisbonne, avec escales dans un petit port de pêche, et au Cap Sinès. Passé Lisbonne, une petite dépression m'a donné du portant jusqu'à Vigo. Ensuite le Cap Finisterre, dans un brouillard assez épais ( et c'est un carrefour de cargos), puis La Corogne. De là: route directe et sans histoires jusqu'à La Rochelle.

Le bateau était un puissant trimaran ( trop large pour passer dans le canal du Midi, ce qui explique mon choix de la route); La durée du voyage a été d'1 mois et demi, escales comprises, entre Sète et La Rochelle,avec un changement d'équipage ( 5 au départ)à Gibraltar, puis à Portimao (2) , Lisbonne (3), Vigo (3), La Corogne (5).
Matériel de navigation: compas de route, compas de relèvement utilisé aussi en radio-gonio (très efficace à la fin de la traversée, en faisant l'atterrissage avec les radiophares du Cap Ferret et des Baleines) - atterrissage sur la bouée à cloche du "Sauerland", et la fin - dans la brume-avec la gonio et le sondeur - un petit "Seafarer" à diode- et la outils de base bien sûr (règle Cras, cartes, documents, etc).
Le GPS est un appareil exceptionnel ( je l'apprécie énormément, aussi bien en voiture ,à pied ou à vélo, mais d'avoir traversé le raz de Sein dans le brouillard, avec une visibilié de 400m et le GPS en panne, m'a confirmé si besoin était le principe des marines professionnelles: une aide à la navigation n'est pas un instrument de navigation: cela aide, permet de préciser les données, mais ne remplace pas à 100% la technique traditionnelle: une estime soignée - et sans oublier un calcul de courant le plus précis possible.

Autre anecdote: un sympathique navigateur,venant de Bretagne sur un "Corsaire", rencontré à Gibraltar. Il voulait revenir par le même chemin, mais je ne le voyais pas revenir , sinon dans des délais tès longs, avec ce bateau, contre le vent très dominant de Nord. Il a suivi mon conseil de remonter par la côte méditerranéenne espagnole ( ce qui, de plus est une navigation très agréable )

Il y a même une référence littéraire: un bouquin du 17ème siècle (les "lettres de la religieuse portugaise"), où au début, un nommé Guilleragues, naviguant sur une petite escadre française refoulée par l' "alizé portugais" et cherchant refuge au Portugal, se trouve ainsi à même de rencontrer la dite religieuse.

Si vous choisissez la route atlantique, il faut négocier soigneusement la sortie du détroit de Gibraltar: attendre le "Levante" à Gibraltar, utiliser soigneusement les courants et contre-courants en fonction de l'heure de la marée, veiller attentivement les cargos ( le détroit est un entonnoir où ils s'engouffrent) , et dégager très à l'Ouest - au large - pour ne pas être rabattu ensuite par les vents dominants d'Ouest vers l'Algarve, ou, pire le golfe de Cadiz ( même si ce port est très sympathique: les vents ne deviennent de Nord insistants qu'à partir du cap Sagrès.

en tout cas, bon projet, et ensuite bonne navigation

Si tu fais le convoyage pour faire de la voile : c'est tout bon des deux côtés (mais bonjour la galère pour faire le tour de l'Espagne).
Si tu fais ce convoyage pour économiser les sous d'un transport, tu as tort : le transport par camion n'est pas plus cher que les frais que tu engageras pour ton voyage, et tu es sur de retrouver ton bateau indemne... J'ai fait voyager mon first 30 de Saint gilles Croix de Vie à Fos sur mer pour 7600 F... Et j'ai pu profiter de la saison tout de suite.

Bonjour
Détail que j'ai oublié: pour passer par le canal, il faut préalablement démâter ( à Port La Nouvelle) et remâter ensuite à Bordeaux. Ce n'est ni long ni compliqué, et les grutiers, très expérimentés, conseillent et aident bien. La fois suivante, c'est déja de la routine. Cela permet aussi, incidemment, de faire une révision du gréement d'en haut.
Le passage est très sûr, agréable, les écluses, électrifiées, se franchissent aisément; les localités traversées permettent des expériences touristiques et gastronomiques intéressantes.
Le passage du canal est payant (pas cher).
Compte tenu de la durée (celle que j'ai indiquée vaut si l'on mène ce convoyage tambour battant, du matin au soir et sans escale touristique, mais on peut aussi prendre son temps, et son plaisir, à cette navigation verdoyante, qui ne manque pas d'intérêt, ni d'agrément), c'est le moyen de transfert le moins coûteux pour un petit voilier (moins de 1500 f -pardon: 228 Euros) tout compris - à l'exception des frais "alimentaires"
forcément variables selon que l'on est ou non ascète - en utilisant les anciennes grues SNCF qui équipent encore les quais publics ou semi-privés des anciens ports. Et sans grand risque, si l'on embarque une quantité de pneus pour protéger coque et mât du contact avec les murs des écluses, ainsi que 2,3 ou mieux 4 longues amarres. Je n'oublierai jamais une tramontane force 10 dans laquelle nous naviguions avec sérénité sous les platanes, dont les branches étaient tout de même assez agitées. Je pensais qu'au même instant, sur la mer, ce n'étaient pas les branches qui l'étaient (agitées).

Comme il est de bon principe - surtout pour l'agrément du voyage- de prendre le moins possible les vents dominants à rebrousse-poil, il me paraît préférable, si vous avez du temps pour naviguer, de passer par le canal, descendre ensuite de la Gironde à la côte basque espagnole AVEC UNE TRES BONNE METEO parce que les entrées d'Arcachon et de Capbreton peuvent être très dangereuse par forte mer , condition où ne restent sûres que l'entrée de Saint Jean de Luz, et , plus loin San Sebastian et Bilbao.

L'an dernier, à Noël, j'ai convoyé un "First 18" directement de Concarneau à Santander, dans un temps anticyclonique (vents de N à NE, de la force 1 à la force 7 (ce dernier durant une journée), que j'ai attendu le temps qu'il fallait avant de partir. Atterrissage sur Bilbao, au cas où les choses se seraient gâtées -ce bateau , certes marin, était vraiment petit- pour pouvoir éventuellement , si besoin avait été, m'engouffrer dans le port quelques soient les conditions; puis progression décontractée, "en touriste", le long de la côte, jusqu'au terme du voyage. Traversée faite en solitaire, en 5 jours, dont une nuit à la cape ( pour dormir ), à l'estime et sans pilote
automatique ,totalement à la voile, sans une seule minute de moteur, du mouillage de départ au cat-way d'arrivée, pour le plaisir: c'étaient mes vacances.

Une fois "en bas", c'est le rêve: Ria après ria, la Biscaye, la Cantabrie, les Asturies, un climat plutôt doux, un vent de bonne volonté (prêter quand même attention aux barres à l'entrée des rias) des gens charmants et accueillants , et la splendide Galice : une "super Bretagne" ! , de plus en plus belle, jusqu'à Vigo et Bayona -à ne manquer à aucun prix l'une et l'autre- . Reste à remonter après, mais c'est quand même nettement moins ardu que de l'Algarve jusqu'à Vigo.

En vous souhaitant que votre inspiration vous fasse déboucher sur une période de navigation dont vous vous souviendrez - en bien - pendant des années, sinon pendant le reste de vos jours.

Cordialement,
Windjammer

PS: autre incident qui me revient en mémoire au sujet de la "remontée" de la côte portugaise: un jeune couple, qui était descendu de Bordeaux à Lisbonne, avec une "Corvette", pour s'apercevoir qu'ensuite, il fallait "remonter", et que ce n'était pas aussi évident qu'à simplement lire la carte. Il a fallu monter une expédition d'amis, avec une remorque et deux voitures ( l'une aidant l'autre dans les pentes raides de la route), pour ramener le "navire" en Gironde.