Combien de personnes pour manoeuvrer ?

C'est une question de "métier". Mais, par prudence, même si l'on est compétent, il vaut mieux sortir au moins à deux.
Je m'explique:
- on peut déraper, se prendre un pied dans une écoute, ou prendre un mauvais coup de bôme, ou tout autre accident - ou problème de santé imaginable, et se trouver non manoeuvant ou plus ou moins handicapé.
J'ai vu arriver aux Antilles un couple d'Anglais sur un catamaran; le skipper s'était cassé un bras peu de temps après avoir quitté les Canaries. Il lui a été impossible de manoeuvrer pendant toute la traversée. Eut-il été seul , il aurait eu quelques soucis. Et même si les Antilles sont éloignées, à quelques heures seulement d'un port on peut passer de fort mauvais moments.

- Dans des conditions moins dramatiques, si on prend un mouillage ou rentre dans un port avec un vent de travers assez frais, il faut manoeuvrer, placer les défenses, bondir sur le pont au bon moment si l'on est seul, le bateau ( et l'Evasion 32 qui a un fardage important )n'attend pas qu'on vienne à l'avant placer les amarres). J'ai vu un authentique champion seul à bord dans le port encombré de l'Herbaudière , à Noirmoutiers, qui faisait un spectacle à lui tout seul, mais , à le voir, j'avais bien l'impression qu'il aurait, à ce moment, préféré être parmi les spectateurs.

- également, s'il faut prendre un ris, ou amener une voile dans une survente, on se sent mieux avec quelqu'un qui contrôle l' équilibre et les mouvements du bateau, (au ralenti, en épaulant les vagues) plutôt que de le laisser entre vagues et vent , faire n'importe quoi, avec le risque de se retrouver à l'eau. Bien sûr, quand on est seul, on peut mettre à la cape, on peut mettre un harnais; on peut aussi se retrouver suspendu au bout de son harnais, sans pouvoir remonter: ces bateaux ont un franc-bord assez important.

Dans les raffineries, les grands chantiers, où j'ai parfois travaillé, on évolue systématiquement en équipes de deux "matelots", par sécurité. C'est pour que s'il arrive un problème à l'un , l'autre peut le mettre en sécurité si nécéssaire, et prévenir les secours.

Je connais bien l "Evasion 32", il se mène au doigt et à l'oeil -comme la plupart des autres voiliers, avec un équipier à l'avant aux drisses , amarres , défenses, gaffe, et comme vigie. Aux "manettes", je péférais être à l'intérieur plutôt qu'à l'arrière, pour la visibilité vers l'avant (et pour la position plus proche du "cente de giration").

Je vous souhaite de longues et heureuses navigations