Installation d'un propulseur d'étrave sur un Flyer 701

Installation d'un propulseur d'étrave sur un Flyer 701

Posté le 5 avril, 2012 - 11:51
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Du à son excellente habitabilité, le flyer 701 est haut sur l'eau, son fardage le rend donc particulièrement sensible au vent latéral. Pour faciliter les manoeuvres lors de rafales de vent, j'ai donc décidé de l'équiper d'un propulseur d'étrave. 

Mon choix s'est porté sur un MaxPower CT35 car ses dimensions sont assez compactes, sont prix est fort raisonnable et le tunnel est un 125mm de diamètre.

Le diamètre du tube est important (beaucoup d'autres modèles sont en 140 ou 150mm) car je dispose d'assez peu de place dans le Flyer 701 et idéalement, le tunnel doit être plaçé sous la ligne de flottaison à une profondeur identique au diamètre du tube. D'après mes mesures, je dispose de +/-28 cm sous le coffre avant entre le bas de la coque et la ligne de flottaison.

Le budget total des pièces (propulseur, commande, fusible, tunnel, câble de batterie, résines, tissu, gelcoat, etc)= 1350 eur

 

étape 1: démontage de la banquette et découpe du fond de coffre avant pour accéder à la coque. J'utilise une cale sur les bords pour ne pas toucher la coque. La position approximative du tunnel a été définie grace à l'anneau d'étrave=point de repère intérieur et extérieur.

 

étape 2: je réalise un gabarit en carton pour définir la position précise du tunnel à l'intérieur. Celui-ci doit être sous le siège avant, être immergé de +/- 125 mm et accessible pour être stratifié... un ou deux petit trous au travers de la coque me permettent de le positionner au mieux par rapport à la ligne de flotaison =antifouling); bien prendre son temps pour les mesures et les vérifier plusieurs fois !

 

étape 3: ayant trouvé le meilleur compromis, je perce des deux côtés au centre et dessine un cercle de 68mm de rayon à l'aide d'une tige filetée et d'un marqueur ce qui représente une belle ellipse sur la coque.

 

étape 4: Je vais franchir le point de non retour... découpe des deux faces! Il faut prévoir des orifices légèrement inférieurs au diamètre du tunnel; l'ajustement précis se fait à la meule en présentant le tunnel.

 

 

étape 5: Ben voilà! Ouf!  Ensuite je nettoie jusqu'à la fibre sur 5-6 cm avec une meuleuse d'angle, je prévois un déflecteur sur l'avant donc je dégage un peu plus cette zone.

 

 

étape 6: j'ajuste les trous avec une petite rogneuse. Eviter autant que possible un jour entre la coque et le tunnel. Mon tunnel est juste bien coinçé.

 

étape 7: je repère la position du moteur et de l'hélice. Je perce les fixations moteur avant de découper le tunnel, je vérifie la position intérieure et extérieure plusieurs fois. Le moteur doit être décallé de manière à ce que l'hélice soit centrée dans le tunnel, je triche un peu pour que l'embase de l'hélice ne dépasse pas non plus de l'autre côté!

 

 

étape 8: Après retrait du tunnel, je l'ai découpé à la scie sauteuse suivant la coque. J'ai laissé un rebord de 2,5 cm sur l'avant pour former le déflecteur. Ensuite passer le papier de verre sur toutes les parties qui vont recevoir de la résine, dépoussièrer et dégraisser à l'acétone.

 

 

étape 9: préparation de "choucroute". Elle est composée de résine polyester isophtalique (la meilleure qualité, résistant aux agressions chimiques) + 2% de durcisseur. J'incorpore ensuite de l'Aérosil (silice en poudre pour épaissir la résine) et de la fibrette (poudre de fibre de verre). Bien mélanger. J'aurai besoin d'environ 500gr

 

étape 10: Ne pouvant pas stratifier entre la coque et le dessous du tunnel (faute de place) je comble cette espace avec de la "choucroute". Je réalise également un joint congé entre l'extérieur du tunnel et l'intérieur de la coque en veillant à bien remplir tous les interstices. Je termine à l'extérieur en formant le déflecteur. Laisser durcir !

 

 

 

étape 11: stratification.

Après un bon ponçage à la machine pour adoucir les angles, je rogne l'intérieur du tube sur +/-2 cm et sur +/-1 mm d'épaisseur. Ce petit décalage va me permettre de renforcer l'extérieur par quelques couches de fibres et de garder un diamètre de tunnel constant.

 

Je prépare des bous de tissus et 150 gr de résine. Il faut plusieurs paires de gants en latex et des chiffons à portée de mains! J'applique 3 couches mat-roving-mat sur l'extérieur.

Je passe ensuite au rouleau ébuleur.

 

étape 12: stratification intérieure.

Ici, inutile de penser à la finition, il faut simplement faire du costaud ! Selon le même principe, j'applique donc 9 couches de tissus alterné mat-roving. Je commence et termine par du mat. Vu la minceur sous le tube, je renforce particulièrement cette zone en appliquant 2-3 couches supplémentaires. J'ai protégé la zone qui recevra le moteur et qui ne doit pas être stratifiée.

 

Et voilà le travail fini. C'était long et moins amusant que le reste; une bonne chose de faite!

Au total j'ai appliqué presque 1m2 de mat et 1m2 de roving et +/- 1,5kg de résine isophtalique.

 

 

étape 13: finitions: Après ponçage, j'étale à la spatule du mastic de polyester (mastic de carrossier) pour combler les défauts et obtenir une surface bien lisse après ponçage au 120 et 180. Du mastic epoxy aurait été préferrable mais j'utilise un fond de polyester que j'ai en stock et qui ne sera de toute façon isolé de l'eau via le gelcoat et l'antifouling.

 

étape 14: étanchéité: J'applique une couche de top coat (gel coat parafiné). Après ponçage il ne restera plus qu'à appliquer 2 couches d'antifouling.

 

étape 15: Branchements électriques: Le bateau étant petit (7m) et le propulseur d'une puissance raisonnable (2200w) j'ai choisi de le raccorder sur la batterie principale (batterie moteur) en passant par le sectionneur général.

J'y vois les avantages suivants:

- Pas le poids supplémentaire d'une batterie dédiée

- entretien d'une batterie en moins

- gain de place

- Disposant de deux batteries de 110 Ah chacune (2x 800 CCA) qui sont en parallèle lorsque l'alternateur fonctionne (via coupleur automatique) => ces batteries peuvent apporter un courant de démarrage bien suppérieur à une batterie dédiée plus petite.

Inconvénients:

- La section des câbles doit être importante pour éviter une chute de potentiel=> la longueur allez-retour est d'un peu plus de 10m, j'ai pris du câble de 50mm2. Du 70 mm2 aurait été préférable mais la moitié du cablage est déjà en place car le coupe circuit général du bateau (qui est environ à mi parcours) est alimenté par du 50²... et puisque j'alimente le propulseur à partir de là, j'ai voulu rester cohérent pour le prolongement.

- on puise sur la batterie moteur

L'alimentation du boitier de commande sera asservie au fonctionnement de l'alternateur de manière à ne pouvoir activer le propulseur que moteur en marche. Ces choix de raccordement seront validés par des essais et mesure de la tension en fonctionnement. En cas de problème, j'installerai une batterie dédiée ou des câbles supplémentaires.    

Etape 16: Pose de l'hélice après embase et antifouling

 

 

Etape 17: Réalisation d'une planche de finition dans le coffre avant et d'une séparation pour pouvoir continuer à utiliser cet espace de rangement.

 

 

Dernière étape: Pose du fameux joystick ! J'ai hate de le faire basculer ! L'indicateur de trim est d'origine à cet endroit mais je le ré-instalerai au tableau de bord plus tard car cet emplacement convenait très bien à la commande du propulseur alors que le niveau de trim était à peine lisible.

 

 

Essai sur l'eau:

Le propulseur fonctionne très bien et est suffisament puissant pour le bateau.

Au niveau éléctrique, j'ai une chutte de potentiel un peu trop élevée (la différence de potentiel est de 9,8 V en fonctionnement contre 10,5 V recommandée par le constructeur) due à la longueur des câbles. J'aurais du donc opter pour du 70 mm2. Toutefois, la puissance effective est suffisante et les câbles ne chauffent pas même après des essais intensifs. Je vais donc conserver l'installation telle quelle.

Petit point à améliorer: l'isolation accoustique, je vais coller un peu de mousse dans le capot pour atténuer quelque peu le bruit en fonctionnement.

Depuis l'installation, J'ai pu tester le propulseur dans différentes conditions et ça change vraiment tout. Les manoeuvres sont redevenues un plaisir et on reste maître des déplacements de la coque même par vent de travers. Naturellement,  avec 4 Beaufort au port, les manoeuvres restent délicates mais on peut agir... je ne pourrai plus me passer de cet option, du moins avec un mono-moteur.

Il offre vraiment un nouveau degré de liberté pour les manoeuvres (possibilité de tourner sur soi-même et d'évoluer pratiquement en crabe en actionant par à-coups  la marche arrière embase vers le quai). On peut accoster différement. Il faut continuer à anticiper et tenir compte de l'inertie mais il faut maintenant plus penser à bien positionner l'arrière du bateau par rapport au quai sachant que l'on peut écarter ou rabattre l'avant avec le propulseur.

 

Jmich.

1 commentaire(s)
  • Otago
    Otago
    Hors ligne
    Moussaillon
    Inscription : 15/04/2013
    Messages : 3
    Le 14 mai, 2013 - 17:25

    Assassin.......

    Oser s'en prendre à une coque sans défense à coup de scie sauteuse.......rires.

    Je rigole, c'est super bien fait, chapeau pour la réalisation c'est propre et net..mais fallait oser...respect!!!

    Bonne fin de journée

Auteur

jmich
jmich
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